Magazine mensuel de dialogue culturel Depuis 2001 • No 39 • Montréal • 15.11.2007

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Otilia Tunaru
Interview avec Shola Doummar (fr)

Novembre 2007

Interview avec Valéry Vlad, le Président du Salon du livre de Toronto

Par Felicia Mihali

Nous, les francophones du Québec nous nous enorgueillissons souvent du fait d’être les plus importants gardiens de la langue et la culture francophone en Amérique du Nord. Lorsqu’on découvre que le Canada a encore d’autres importants foyers francophones et que d’autres Canadiens hormis les Québécois ont à leur mérite la sauvegarde de cette culture on est presque étonné. Est-ce-là un manque de communication ou d’aveuglement volontaire?

Récemment, le journal l’Express de Toronto signalait la tenue du Salon du livre de Toronto,  qui s’est déroulé cette année du 25  au 27 octobre, salon qui met en valeur les auteurs francophones de l’Ontario mais pas exclusivement. En me renseignant un peu sur la programmation et les auteurs invités au salon j’ai été surprise de constater qu’il y avait même un prix littéraire initié par une écrivaine d’origine roumaine : Christine-Dumitriu-Van-Saanen. La plus grande surprise toutefois fut de découvrir que cette année le Président du salon était Valéry Vlad, dont le nom me semblait assez roumain pour lui poser la question mais en français, au cas où je me tromperais. En réponse j’ai eu la confirmation de mes soupçons. Valéry Vlad est d’origine roumaine et de plus quelqu’un qui s’implique beaucoup dans la vie de la communauté francophone de l’Ontario. Le français de ses lettres est sans fautes, ce qui a éveillé chez moi la question suivante : que sommes nous devenus, si en tant que Roumains nous correspondons en français sur des sujets concernant la francophonie en Amérique. Difficile de répondre, mais le résultat est réjouissant.

Depuis le début, j’étais extrêmement curieuse d’apprendre des détails sur sa vie et sa carrière, sur ses débuts, ses aspirations, et ses objectifs. En tant qu’immigrant on est toujours intéressé par les expériences des autres. J’ai dû toutefois avoir la patience d’attendre la fin du salon et l’heure du bilan, extrêmement positif semble-t-il, pour lui soumettre quelques questions.

Felicia Mihali : Monsieur Valéry Vlad, je vous remercie d’abord d’avoir si promptement répondu à ma lettre, alors même que vous étiez en plein déroulement du salon. Pour débuter, donnez-nous quelques détails sur votre arrivée au Canada et vos premiers essais d’intégration. Pourquoi avez-vous choisi l’Ontario, et en choisissant une province anglophone, comment êtes-vous resté fidèle à la culture francophone, qui fait partie de notre héritage roumain.

Valéry Vlad : Il y a plusieurs questions ici… Pourquoi avoir quitté la France pour le Canada ? C’est une question qui m’a été posée à de nombreuses reprises… Il faut d’abord préciser que j’étais un Roumain qui vivait en France et non pas un Français de souche… Cependant, j’aimais, j’aime toujours la France, comme un Français de souche peut l’aimer, comme j’aime mon pays d’origine… Pourquoi l’avoir pourtant quittée ?! Je dirais, en utilisant une boutade, que la France à peut-être trop d’histoire et pas assez de géographie… Quand on vient d’ailleurs, il y est difficile de faire un « saut » de quelques millénaires dans l’Histoire et être accepté comme « Français » par l’esprit collectif…

Ici, au Canada, on acquiert une légitimité qu’on n’a nulle part ailleurs, une légitimité que certains n’ont même pas dans leur pays d’origine… Mais, si cette difficulté à devenir « Français »  dont je parlais, est valable pour la dualité espace (géographique) – temps (historique), il n’y a aucune limite quant à acquérir l’esprit francophone, quant à devenir francophone, je veux dire… L’esprit francophone est universel et il peut vous contenir où que vous soyez, et cela, sans que vous paraissiez un « usurpateur ».

Pour ce qui est de mon héritage roumain, il n’empêche aucunement que mon « esprit » devienne francophone, bien au contraire…


F.M. : Au Québec on débat beaucoup sur le conflit qui existerait entre les deux côtés de notre nouvelle identité, cette identité à trait d’union qui, selon certains, réunirait des moitiés irréconciliables. Comment votre ancienne identité se réunit-t-elle avec la nouvelle? Quelle est la place que la langue, le passé, les traditions de votre ancien pays occupent encore dans votre vie?

V.V. : Un philosophe roumain disait qu’on ne parle pas une langue, mais qu’on vit dans une langue… Notre attachement au français ne se réduirait donc pas au parler, mais au vécu également... Non seulement on parlerait le français, on vivrait le français. Le français, qu’il soit décliné à la sauce québécoise, belge, acadienne, française de France ou d’ailleurs devient ainsi un espace de liberté, une langue de liberté…

Si j’ai choisi de vivre en français, c’est aussi pour vivre dans cet espace de liberté. Il est vrai que le passé de mon pays d’origine, les traditions, la langue et la culture roumaine m’ont facilité cette identification à l’espace francophone ontarien, à ce vécu du français. Même si je ne pratique pas trop ma langue maternelle, même si je m’adapte souvent aux coutumes canadiennes, cette vie en français n’est aucunement en contradiction avec ma « culture matrice ».  Je dirais même que cette « culture matrice » roumaine peut parfaitement s’inscrire dans la grande « matrice francophone »…

Pour revenir au Québec et à votre question sur le conflit qui y existerait entre les deux côtés de notre identité, j’avoue n’avoir jamais vécu de conflit. J’ai embrassé la francophonie, elle m’a immédiatement accueilli… Mais je pense que le débat actuel n’est pas superflu, qu’il ne s’agit pas d’une excitation intellectuelle ou nationaliste gratuite. La question qu’il faut se poser, en tant que nouvel arrivant sur cette terre québécoise, est de savoir pourquoi ai-je choisi d’y venir… Quel a été le ressort intime qui m’a poussé à faire ce pas? Si la réponse à cette question va dans le sens de cet espace de liberté dont je parlais plus tôt, c’est que l’intégration n’aura aucune difficulté à se faire, elle sera naturelle, comme il c’est le cas de la plupart des « nouveaux » Québécois, je pense…

Par contre, si la liberté des autres me fait « mal », si la liberté qui est coutume au Québec provoque une réaction de refus, une réaction physique, quasi épidermique, si la liberté des autres est ressentie comme une « hérésie » et que le français devient un ennemi potentiel puisque porteur de cette liberté contraire à mes propres principes, alors, le temps de l’inquiétude est venu…

Il n’y a pas mille solutions pour le nouvel arrivant. Ou on accepte la liberté des autres et, si nécessaire, on adapte notre culture et nos coutumes à cette nouvelle réalité ou on prend le risque d’un conflit ouvert avec la société d’accueil. À son tour, la société d’accueil doit éviter à tout prix la facilité du discours populiste et de la démagogie. De chaque côté, il faut tolérer, il faut tout tolérer, sauf l’intolérance…

 

F.M. : Au Québec, nous les immigrants des pays francophones, nous avons l’impression de nous intégrer plus facilement à une majorité culturelle. En Ontario, il me semble que vous devez faire face à un double défi : en tant que minoritaire vous devez vous intégrer à une autre minorité, celle francophone, dans la contexte anglophone. Comment avez-vous résolu ce double conflit?

 

V.V. : Je ne parlerais pas de l’Ontario, mais de Toronto. Toronto est un cas à part dans la réalité ontarienne. Vous avez entièrement raison, en tant qu’immigrant francophone, il faut d’abord s’intégrer à la minorité francophone pour ensuite s’inscrire dans le contexte majoritaire anglophone. Mais la première question qui se pose est « à quelle minorité francophone dois-je m’intégrer? ». La francophonie torontoise est particulière, il s’agit en fait de plusieurs « francophonies », d’un vrai patchwork. Ici, à Toronto, on n’a pas, en tant que francophone, cette unité, cette salutaire fierté locale que vous allez trouver à Québec, à Moncton ou dans le Nord ontarien. Ici, les francophones sont arrivés de partout. Ils sont Québécois, Français, Congolais, Acadiens, etc., etc.… Si vous venez d’un pays qui est plutôt francophile que francophone, comme moi, il faut que vous fassiez la part des choses entre ces « francophonies » qui ont souvent des intérêts divergents… C’est un exercice qui n’est pas facile, un exercice parfois périlleux… Je n’ai pas pu m’intégrer à cent pour cent à la communauté roumaine, puisque cette communauté, quoique francophile, parle roumain et la francophonie n’est pas son souci principal… Je préfère donc rester en dehors de ce partage communautaire… Je préfère être un Roumain francophone tout court…

Si vous me posez la question si ce partage communautaire dont je parle est productif, je vous dirais que non. Ce partage ne sert aucunement la « francophonie – espace de liberté » dont je parlais plus tôt… Peut-être que mes mots vont choquer, mais il y a des nouveaux arrivants torontois qui, dès que la francophonie « rime » avec financement,  se « découvrent » sur le coup francophones ou se souviennent qu’ils viennent d’un pays francophone! La finalité de leur agissement n’est plus la francophonie, la défense de la culture francophone ou des cultures francophones, la résistance devant la monotonie anglophone, l’apprentissage et la transmission du français, mais juste le financement!

C’est une des raisons pour laquelle, ici, à Toronto, nous n’arrivons pas toujours à mobiliser les francophones. Les leaders manquent parfois de crédibilité… Et c’est donc d’autant plus difficile à faire face au rouleau compresseur anglophone sous lequel nous risquons tous de passer… Je n’essaie pas de faire le moraliste, je ne fais que constater…

 

F.M. : Tenir un Salon du livre francophone dans ce contexte anglophone me semble un grand exploit. La publication des livres en français est-elle assez abondante pour soutenir un tel événement?

V.V. : Vous avez raison, tenir un salon du livre francophone à Toronto n’est pas chose facile… L’offre d’événements en anglais est tellement vaste… Les moyens des anglophones quant à la promotion de leurs événements littéraires sont tellement importants… Les francophones de Toronto, qui sont presque tous bilingues, n’ont que l’embarras du choix… Il faut donc se positionner sur ce « marché » culturel concurrentiel… L’argument qu’un événement est en français n’est pas suffisant pour attirer le public… Il faut aussi que le produit offert soit de qualité…

Ensuite, nous, les francophones de Toronto, n’avons pas les mêmes repères culturels, nous n’avons pas les mêmes idoles non plus… La présence au Salon d’un grand écrivain français, par exemple, risque de ne rien dire à un francophone d’Afrique ou à un Québécois…Il faut trouver des noms rassembleurs qui attirent le grand public francophone.

Quant à la publication des livres en français, oui, elle est abondante, vraiment abondante… Je parlerais du prix Christine-Dumitriu-van-Saanen offert conjointement par le gouvernement du Québec et le Salon du livre de Toronto… Il y a chaque année des dizaines de créations littéraires qui se dispute ce prix récompensant l’excellence littéraire en Ontario… La création littéraire en français en Ontario est en très bonne santé.

F.M. : Selon les réactions de la presse écrite, il me semble que ce qui était au début un événement local tend à devenir un événement à l’échelle nationale.  Quel est l’avenir du Salon du livre de Toronto?

V.V. : Il faut dire que le Salon du livre de Toronto en était cette année à sa 15e édition… Nous étions par contre à notre première année sous le toit du Manège militaire Moss Park. Sommes-nous un événement à l’échelle nationale? Je dirais oui. Je dirais que le Salon du livre de Toronto est depuis un moment déjà un salon qui « compte » à l’échelle nationale… En tout cas, au fil des années, le Salon a eu des invités de partout : du Canada, d’Europe, d’Afrique, d’Asie, des Amériques… Cette année, nous avons eu des invités de Montréal, de Québec, de Trois Rivières, d’Ottawa, de France, du Liban, de Syrie, de Belgique…

Quant à l’avenir… Notre premier souci est celui d’installer durablement le Salon entre ses nouvelles murailles, au Manège militaire. Ensuite, nous voulons élargir la sphère de notre public adulte potentiel aux communautés francophones insulaires périphériques, comme celles de Barrie, Hamilton ou Oshawa, par exemple. Comme vous voyez, ce n’est pas le travail qui manque…

F.M : J’ai lu sur Internet des informations concernant votre activité dans le monde du cinéma. En quoi consiste cette activité?

V.V. : « Le monde du cinéma » sonne un peu trop hollywoodien… En fait, je m’occupe de la recherche dans une maison de production francophone de Toronto, Médiatique. Nous produisons des films ou des séries documentaires pour presque toutes les chaines francophones canadiennes et TV5 Monde… On y parle histoire, patrimoine, économie, sociologie, immigration, médecine, francophonie, danse, théâtre et littérature, jazz, voyages et aventure, science et technologie, enfin, on y parle de tout ce qui fait notre richesse…

 

F.M. : Je vous remercie pour cet entretien et je vous souhaite bonne chance dans vos activités.

V.V. : C’est moi qui vous remercie.

Novembre 2007

Les Québécois sont les « les Latins du Nord ». Les Roumains sont « les Latins de l’Est »

Interview avec CRISTINA IOVITA, la metteure en scène de la pièce Le Père Léonida et la Réaction

Interview avec COSTA TOVARNISKY, le comédien qui joue le rôle de Eftimitza

Interview avec THOMAS PERREAULT, le comédien qui joue le rôle du Père Léonida

http://www.theatre-utopie.com/

Par Otilia Tunaru

Cristina Iovita, metteure en scène et écrivaine d’origine roumaine, est connue au Québec en qualité de la « la Grande Dame du Théâtre de l’Utopie ». En 1994 elle a remporté à Boston le prix Rod Parker pour la dramaturgie originale et depuis des années elle cultive sa vocation pédagogique, car elle est avant tout une excellente enseignante qui a fignolé plusieurs générations de jeunes acteurs dans son pays d’origine et également en Amérique. Depuis 1999 elle est la fondatrice d’un théâtre qu’elle a nommé utopique; paradoxalement, cette compagnie de théâtre est très présente sur la scène montréalaise et ce n’est pas du tout une chimère, car elle est devenue un concept bien raffiné et en même temps un noyau d’artistes liés par amitié. La convention du jeu masqué dans la commedia dell'arte développe, dès la seconde moitié du XVIe siècle, le faste des masques et des costumes, Dans la société contemporaine, ce style théâtral exige un jeu de regard très précis et souvent critique, qui rend accessibles les grandes idées à travers l’humour.
Le Théâtre de l’Utopie a présenté en février dernier le spectacle multimédia Mundo Tango ou l'Amérique au corps, basé sur la technique du collage et sur l’adaptation de plusieurs écrits. C’était une représentation théâtrale qui se penchait sur le sujet de l’identité, en mettant en relief le conflit générationnel et la démolition des idéaux. J’avais rencontré Cristina Iovita et son équipe à ce moment-là et j’avais remarqué que le Théâtre de l’Utopie représente, premièrement, un groupe d’artistes qui croient dans les mêmes valeurs. Ils sont tous des artistes responsables, qui cherchent à éveiller des réponses ignorées. Leur but est de présenter au public un répertoire de pièces engagées, classiques et contemporaines et des collages sur des thèmes d'actualité, d'inspiration historique et sociale. Le Théâtre de l’Utopie revient cette fois sur la scène pour mettre en lumière des débats actuels de la société par le biais de la comédie Le Père Léonida et la Réaction écrite par le dramaturge roumain Ion Luca Caragiale. Dans le prologue, les trois comédiens jouent leurs propres rôles de citoyens-artistes dans une société multiculturelle. Dans la deuxième partie, le public aura l’occasion de « goûter » l’humour succulent et l’ironie piquante d’un texte écrit à la fin du XIXe siècle, qui n’a rien perdu de sa charge émotive et qui est plus actuel que jamais.
J’ai recueilli les témoignages des protagonistes du spectacle Le Père Léonida et la Réaction qui aura lieu du 29 novembre au 16 décembre 2007, chez MAI (Montréal, arts interculturels). Éric Tremblay, qui joue le rôle de la surintendante Safta, a participé à cet entretien par téléphone, en déclarant d’un seul souffle : « Entre nous, il y a une énergie de groupe qui est chère pour le Théâtre de l’Utopie ».
INTERVIEW AVEC CRISTINA IOVITA, metteure en scène et directrice du Théâtre de l’Utopie, écrivaine d’origine roumaine et enseignante en art dramatique
OTILIA TUNARU : En février vous avez mis en scène la pièce Mundo Tango et vous avez entraîné le public au cœur des représentations mythiques de l’Argentine: le tango, les textes de Jorge Luis Borges et de Rodrigo Garcia, la danse des couteaux, la glorification des extrêmes... Vous préparez maintenant la pièce Le père Leonida et la Réaction, qui est une comédie bouffe. Pourquoi ce choix assez différent? 
CRISTINA IOVITA : Le choix est logique si on pense à la quête identitaire qui se déroule ces temps-ci au Québec. L’univers de Caragiale est agité par les mêmes idées : qu’est que c’est que la nation roumaine ? Quelles sont les racines du peuple roumain ? Le parallèle me paraît évident et je crois qu’il vaut la peine de monter une pièce qui agit en miroir de l’actualité, même si plus d’un siècle sépare les deux univers.  
O.T. : Mettre en scène une pièce de théâtre de Caragiale, c’est une première montréalaise. J’ai observé que les textes du grand dramaturge Ion Luca Caragiale sont rarement mis en scène en dehors de la Roumanie.  Y a-t-il une raison?
C.I. : Ce sont les metteurs en scène qui mettent de l’avant les auteurs. Liviu Ciulei l’a fait pour Caragiale autant en Europe qu’aux États-Unis, c’est mon tour de le faire au Québec. Il y va de mon honneur et de ma responsabilité en tant que metteur en scène d’origine roumaine.  
O.T. : Est-ce que vous avez adapté le texte de Caragiale ou vous l’avez gardé  intact?
C.I. : Le texte est intact, c’est la mise en scène qui le place dans le contexte actuel. 
O.T. : Vous avez retrouvé la société québécoise contemporaine dans le texte du dramaturge roumain Caragiale qui a été écrit à la fin du XIXe siècle? Comment expliquez-vous ce paradoxe?
C.I. : J’ai retrouvé le même débat d’idées et sa réflexion dans les médias. Ensuite, il y a une phrase que j’ai trouvée dans le discours d’une immigrante d’Amérique du Sud et qui m’a beaucoup marquée : « Les Québécois sont les Latins du Nord ». Eh bien, ne peut-on pas dire que les Roumains sont « les Latins de l’Est »? En tout cas, c’est ce que Leonida évoque en parlant de « la gent latine » dans ses discours devant son seul auditoire, sa femme Efimitza. Il s’agit de deux croyances populaires qui se rencontrent à travers les siècles, pourquoi ne pas les rapprocher en temps et lieux? 
O.T. : Vous vous moquez de la situation actuelle, car l’humour est mordant et l’ironie est évidente. Quel est le but de cette comédie bouffe?
C.I. : Je ne me moque pas de la situation actuelle, au contraire, je la prends très au sérieux. La peur et l’incompréhension qui font surface dans l’enquête de la Commission Bouchard –Taylor à propos des « accommodements raisonnables » me désolent. En adaptant Caragiale pour la scène contemporaine, j’essaie seulement de montrer que la culture est le seul « accommodement » qui puisse anéantir la peur de l’Autre. Les poètes parlent mieux que les politiques, pourquoi ne pas les écouter en premier lieu? 
O.T. : Ça prend beaucoup de courage pour aborder des sujets sensibles comme le multiculturalisme et les accommodements raisonnables?
C.I. : Oui. Personne ne veut se rendre impopulaire, encore moins les artistes de la scène qui vivent des réactions immédiates du public. Mais la peur ne sert à rien non plus, alors on fonce. 
O.T. : Comment  c’est déroulé le travail avec les acteurs? Qu’est-ce que ça prend en tant qu’acteur pour être choisi pour jouer dans une pièce de théâtre mise en scène par Cristina Iovita?
C.I. : Ça dépend de la pièce. En règle générale, les acteurs qui jouent dans mes spectacles sont ceux qui adhèrent à mon style de mise en scène, l’aiment  et y trouvent l’inspiration nécessaire pour continuer à faire ce métier, extrêmement dévalorisé en Amérique du Nord parce que pas rentable.  
O.T. : Dans le prologue, vous laissez beaucoup de place à l’improvisation. Les acteurs m’ont avoué que vous les incitiez à improviser sur place, pendant le spectacle. Vous encouragez beaucoup cet aspect, la liberté de création. Pourquoi et comment développer la spontanéité du jeu des acteurs? C’est un travail exigeant?
C.I. : Je n’aime pas avoir affaire à des automates lorsque je monte une pièce. Mes acteurs sont mes collaborateurs, ils répondent aux questions que je leur lance et leurs réponses font cette fraîcheur dont vous parlez. Autrement, tout est « dirigé » et l’improvisation telle quelle ne signifie pas le chaos, ni le caprice passager. On explore ensemble les thèmes et les mouvements compris dans le texte, un point c’est tout. Cela demande beaucoup de rigueur de la part de tous, mais la rigueur est de mise dans tous les arts et accompagne fidèlement la liberté d’expression. 
O.T. : Dans la deuxième partie, vous utilisez la technique du jeu des masques. Pourquoi?
C.I. : Parce qu’il s’agit plutôt d’archétypes que de personnes dans cette pièce. Cela nous permet aussi d’ignorer l’âge et le sexe des interprètes sans faire de rabais sur la qualité de l’interprétation. Et je me souviens encore de Grigore Vasiliu Birlic jouant Efimitza à côté d’Alexandru Giugaru dans le rôle de Leonida. Raison sentimentale si on veut, mais suffisante pour moi pour assumer le même défi.
Il faut préciser d’abord qu’il ne s’agit pas d’un spectacle de Commedia dell’arte dans le cas de la production Caragiale. Les masques sont ce qu’on appelle des masques de « caractère ». Ils ont été exécutés sur le moulage des figures des acteurs et servent à créer des archétypes nouveaux.  
O.T. : Quel est le rôle de la comédie bouffe dans la société actuelle? On a besoin de cette attitude, de se moquer des clichés et des discours politiques quand la situation est tendue?
C.I. : On a toujours besoin de se moquer des clichés, autrement on ne serait que des marionnettes et des perroquets en train de répéter des paroles vides de sens. Et il suffit de voir le succès des humoristes au Québec pour confirmer le besoin du public de rire devant l’absurdité du discours politique actuel. La comédie bouffe est un moyen d’exciter l’esprit critique des gens tout en les divertissant, il est normal qu’elle apparaisse lorsque la situation est « tendue ».  
O.T. : Quels sont vos projets d’avenir comme metteure en scène?
C.I. : Les projets ne manquent jamais, Dieu merci. On verra ce qui pourra être effectivement réalisé dans les conditions précaires où je dois mener ma barque. Donc rendez-vous à l’année prochaine pour en discuter de manière concrète.  
O.T. : Et vos projets comme écrivaine?
C.I. : Je suis en train de finir « Argent et sentiments », un art comique qui traite du milieu théâtral québécois et qui représente le deuxième volet d’une trilogie dédiée à la condition de l’artiste dans la société nord-américaine.

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INTERVIEW AVEC COSTA TOVARNISKY, comédien qui joue le rôle de Eftimitza 

OTILIA TUNARU : Vous avez joué deux fois dans les spectacles mis en scène par Cristina Iovita. C’est une belle collaboration…
COSTA TOVARNISKY : Quand je suis venu à Montréal en 2005, un ami commun, Calinic Toropu, m’a permis de faire sa connaissance. Mais ce n’est pas une question d’amitié, j’ai passé une audition et j’ai eu mon premier rôle ici. Cristina Iovita travaille et enseigne dans ce style appelé Commedia dell'arte. Moi, j’ai un penchant pour le jeu masqué et pour  l’improvisation comique. De plus, j’ai eu la chance d’avoir suivi un atelier au Théâtre national de Timisoara avec les comédiens du Picolo Théâtre de Milano.  
O.T. : Vous jouez votre propre rôle de l’artiste dans une société agitée par un débat au sujet des accommodements raisonnables.  Comment  trouvez-vous cette expérience?
C.T. : Je crois que c’est seulement un sujet à la mode... Dans la deuxième partie, le texte de Caragiale démontre que le jeu et les discours politiques sont pareils à Bucarest ou à Montréal, au début du XXe siècle ou au début de XXIe siècle. C’est un texte qui parle de la formation de la nation roumaine qui avait été divisée en trois provinces. De ce point de vue, je crois qu’il est en accord avec le problème ardent de l’identité nationale québécoise.  
O.T. : Comment vous vous sentez dans le rôle féminin d’ Eftimitza?
C.T. : Je n’ai pas son âge, mais j’ai fait des efforts pour être à la hauteur de ce rôle. Il a fallu apprendre à crocheter… bien sûr, toujours sous la baguette de Mme Iovita... (sourire moqueur)
Ce qu’on cherche à mettre en évidence c’est la relation entre les êtres humains. Par exemple la relation dans la vie de couple, où chacun a ses manies et ses idées fixes... Le comique de situation fonctionne sur le malentendu, car la femme pense à une chose et l’homme à a une chose complètement différente. On met en évidence le ramollissement et l’usure du quotidien. On se moque, pourtant les personnages s’aiment à leur manière. On construit les personnages en utilisant une technique spéciale, le jeu des masques. 
O.T. : Dans l’équipe règne une atmosphère très agréable. Est-ce que c’est le mérite de la metteure en scène, la compatibilité entre vous, les acteurs?

C. T. : On travaille ensemble, on partage. Par exemple, j’ai travaillé beaucoup sur la chorégraphie des danses populaires roumaines. On a fait des traductions en québécois, ça fait de drôles de blagues. Mes collègues québécois prononcent bien maintenant l’expression roumaine qu’on utilise pendant qu’on danse : « Hop-si-asa !». Je suis fier de mon travail.  (grand sourire) 

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INTERVIEW AVEC THOMAS PERREAULT, comédien qui joue le rôle de Père Léonida 

OTILIA TUNARU : Quelle est votre expérience antérieure reliée au Théatre de l’Utopie?
THOMAS PERREAULT : C’est dans la pièce Molière en hiver, présentée à l’hiver 2006 par le Théâtre de l’Utopie que j’ai rencontré Mme Cristina Iovita pour la première fois. Elle voulait que j’y interprète Clitandre, le marquis sans cervelle. Flatteur? Eh bien, oui. Depuis, nous avons eu l’occasion de travailler ensemble lors d’un atelier de lecture au CEAD (Centre des auteurs dramatiques) et aujourd’hui nous nous retrouvons une fois de plus, cette fois-ci pour mettre en lumière la notion de multiculturalisme à travers la pièce roumaine Le Père Léonida et la Réaction.
Pour qu’il y ait synergie, il faut que ça circule bien entre tous les éléments du groupe. Plus que ça, il faut que ces éléments (metteure en scène, acteurs) s’alimentent entre eux, éradiquant de ce fait les possibilités de courts-circuits. Cristina a très certainement le mérite de considérer que les acteurs sont des créateurs à part entière. Elle exige d’eux qu’ils explorent sans se juger les dédales de la création. Elle leur donne la responsabilité d’émettre toutes les propositions possibles. De là, quelque chose surgit, appelons-le le « cœur ». Ensuite commence le tri, pour mettre en valeur ce « cœur », préconiser l’enjeu et la simplicité de l’action du texte. C’est une méthode extrêmement exigeante mais tout autant stimulante. 
O. T. : Vous jouez votre propre rôle de l’artiste citoyen dans la société multiculturelle. Comment  trouvez-vous cette expérience?
T.P. : C’est un peu étrange, comme sensation, de théâtraliser mon identité personnelle. Mais je considère ça tout de même comme un personnage. Le texte est écrit, je l’interprète. 
O. T. : Comment vous trouvez la première partie qui reflète la société actuelle et les débats sur le multiculturalisme et les accommodements raisonnables? À votre avis, sont-ils vraiment raisonnables?
T.P. : Ah… La question qui tue. Je considère qu’il est essentiel de passer par là. Se questionner. Ne pas faire de déni. Car il y a bel et bien un malaise… Maintenant, on peut se demander si la façon de procéder est la bonne. Personnellement j’ai l’impression que la commission, c’est de la politique pure et dure, que c’est juste une image de conciliation. Le problème en est un d’identité, ce n’est certainement pas juste une question d’accommodements. 
O. T. : Dans la deuxième partie, vous jouez le rôle du vieux Léonida, qui participe au débat de la société en faisant des discours dans sa chambre à coucher, devant son auditoire qui est sa femme. Est-ce que vous aimez ce rôle?
T.P. : Bien sûr que je l’aime. Et comme tous les personnages que j’interprète, je trouve qu’il me ressemble. Ce sont ses aspirations qui me touchent. Léonida aspire à la fois à une certaine bourgeoisie, un certain confort, tout en voulant vivre le sentiment puissant d’être avec le Peuple, d’appartenir à quelque chose de plus grand que soi. Et je crois que c’est une dualité qui habite bien des gens dans la société actuelle. 
O. T. : Est-ce que vous retrouvez la société québécoise contemporaine dans le texte du dramaturge roumain Caragiale?
T.P. : Sans l’ombre d’un doute. Je n’en reviens toujours pas de constater les similitudes entre les deux sociétés, malgré la distance qui nous sépare. La Roumanie de 1880, c’est le Québec de 1940.  
O. T. : Quel est le rôle de la comédie bouffe dans la société actuelle? On a besoin de cette attitude, de se moquer des clichés et des discours politiques?

T.P. : On ne se moque pas vraiment, on révèle, on fait de la scène le miroir grotesque de la société. Ce qu’on y présente fait rire, certes, mais on n’invente rien. La nature humaine est aussi faite de grotesque.

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Le Théâtre de l’Utopie présente le spectacle Le Père Léonida et la Réaction

MAI (Montréal, arts interculturels) 
3680, rue Jeanne-Mance 
Tél. (514) 982-3386 
Fax. (514) 982-9091 
Accès : Métro PdA sortie Jeanne-Mance, autobus 80, 129 nord, sortie Léo Parizeau/Avenue du Parc.

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BIOGRAPHIE Cristina Iovita, metteure en scène et auteur dramatique; fondatrice et directrice artistique du Théâtre de l'Utopie

Formation

Master of  Arts in Directing and Writing for the Theatre, Emerson College, Boston, Massachusetts, 1996.

Licence de mise en scène de l'Académie d'art théâtral et cinématographique “I.L.Caragiale”                         Bucarest, Roumanie, 1984.  

Pièces écrites (en Amérique)

Farces en un acte

L’attente 1 et 2-  Montréal, novembre 1996-décembre 2002

Une soirée au cirque- juillet 1996, Montréal

Les belles et la bête et L’art de mendier- décembre 1994, Boston, Massachusetts

Pièces en plusieurs actes

Le costume neuf de l’empereur, conte théâtral tiré des Contes de Hans Christian Andersen - Montréal – Paris- Padoue,

2005-2006

Éloge de la médiocrité, Paris - Montréal, 2005-2006.

Romania III, Trilogie post-communiste, Montréal, 2003-2004.

Éducation Est Européenne- Boston- Montréal, 1995-1996

La mort en hiver- septembre- décembre 1994, Boston, Massachusetts 

Pièces mises en scène (en Amérique)

Mundo Tango, collage de Cristina Iovita d’après les oeuvres de Jorge Luis Borges et Rodrigo Garcia, mise en scène de Cristina Iovita, Théâtre de l’Utopie, MAI (Montréal Arts Interculturels), mars 2007.

Le Misanthrope ou Molière en hiver, adaptation et mise en scène de Cristina Iovita, Théâtre de l’Utopie, Bain St.Michel, 10mars- 6 avril 2006.

Ce fou de Platonov d’après A.P. Tchekhov, adaptation et mise en scène de Cristina Iovita, co-diffusion avec Le Groupe de la Veillée, Théâtre Prospero, mars-avril 2005.

La Parlerie des mercenaires ou Philosophes et guerriers, adaptation et mise en scène de Cristina Iovita d’après les Dialogues de Ruzante et Platon, co-diffusion avec le Théâtre Denise Pelletier, Salle Fred-Barry, janvier-février 2005.

Romania III, de Cristina Iovita, Théâtre de l’Utopie, mars-avril 2004.

La Parlerie des mercenaires collage de scénarios de Commedia dell'arte de Francesco Andreini et Angelo Beolco - Maison de la Culture Notre-Dame-de-Grâce, Montréal, novembre 2003.

La mort en hiver de Cristina Iovita, lecture publique - Théâtre Prospero, avril 2003.

Jacques le fataliste adaptation libre d’après Denis Diderot, -  Théâtre de l’Utopie et Le Groupe de La Veillée,

17 septembre-12 octobre 2002

La folie sénile, opéra comique  de Adriano Banchieri, 17e siècle,– Festival Montréal en lumière,  Théâtre de l’Utopie en collaboration avec Viva Voce de Montréal, 23 février 2002

The Little Square de Carlo Goldoni - Odyssey Theatre, Ottawa, 2001

Escurial  de Michel de Ghelderode - Théâtre de l'Utopie, 2001

Communication à une Académie d'après Franz Kafka - Théâtre de l'Utopie, 2000

Isabelle, trois caravelles et un charlatan de Dario Fo - La-Balustrade, Monument-National, Théâtre de l'Utopie – 2000

L'Éveil du Printemps de Frank Wedekind - École nationale de théâtre du Canada, Montréal – 1999

La fête des fous collage de canevas de la Commedia dell'arte - École nationale de théâtre du Canada, Montréal -- 1998.

Marat/Sade de P.Weiss - D.B.Clarke Theatre, Concordia University, Montréal -- 1998.

L'utopie théâtrale collage de courtes pièces de Marivaux - École nationale de théâtre du Canada, Montréal -- 1997.

L'Éveil du printemps de F.Wedekind - Master's Project, Emerson Studio, Boston, Massachusetts - 1996.

Six personnages en quête d'auteur de L.Pirandello - The Strider Theatre, Colby College, Maine - 1995.

Le baron perché d'après I. Calvino - Emerson Summer Studio, Boston, Massachusetts - 1995.

The Rose Room de M.Coiner - Lansdowne Playhouse, Boston, Massachusetts - 1995.

L'École des femmes de Molière - Emerson Loft Theatre, Boston, Massachusetts – 1995

Le marchand de Venise de W. Shakespeare - The Publick Theatre, Cambridge, Massachusetts -- 1994.

Escurial de M. de Ghelderode - Emerson Circle Theatre, Boston, Massachusetts -- 1993. 

Prix de mise en scène, de dramaturgie originale et bourses pour artistes

Young Open Theatre Festival, Skopje, Macédoine 1992, Festival de théâtre politique, Braila,Roumanie1989, New England One Act Plays Festival, Boston, Massachusetts, 1995, Rod Parker Award, Emerson Playwrights Festival, Boston, Massachusetts1994, CAC 2002 et 2004

Enseignement

Creative Writing, Drama, One Act Workshop, Concordia University à Montréal, 2006-2007.

Dracula, a Myth of the Immortal Flesh, cours de mythologies de l’Europe Centrale, Concordia University à Montréal,

printemps 2004

Stages de formation:Commedia dell’Arte- techniques et théorie- Montréal, juillet-août 2001, avril et septembre 2003, décembre 2004, janvier 2005, Jonquière, mars 2002, Vancouver, septembre 2000.

Cours de Commedia dell'arte et Théâtre gestuel, Ecole nationale de théâtre du Canada, Montréal, 1997-1999., Emerson College, Boston, Mass. 1996, Brandeis University, Mass. 1995, Colby College, Maine 1995. 

Carrière en Roumanie

Mise en scène

Jacques le fataliste, d’après Denis Diderot, Communication à une académie, d’après Franz Kafka ,

Mon nom soit Gantenbein d’après Max Frisch - Théâtre de Chambre, Bucarest, 1991-1993

Nus sous l’œil de Dieu, de Tudor Popescu - Theatrum Mundi, Bucarest, 1992

Le baron gitan de Richard Strauss - Opérette de Bucarest, 1991

Marat-Sade de Peter Weiss - Théâtre municipal de Pitesti

Le maître féodal de Carlo Goldoni, La longue histoire d’amour de Tudor Popescu, Come tu mi vuoi de Luigi Pirandello, Le pavillon des ombres de Gib Mihaiescu - Théâtre municipal de Sibiu,1988-1990

Mademoiselle Julie de August Strindberg, Homo faber d’après Max Frisch, Electre de Yannis Ritsos, Le fête des fous- collage de canevas de la Commedia dell'arte, Le songe d’une nuit d’été de William Shakespeare, L’éveil du printemps de Frank Wedekind - Théâtre National de Iasi, 1984-1987.

Amphytrion de Peter Hacks - Studio Cassandra de l’Académie d’art théâtral de Bucarest, 1984.

Dramaturgie

Adaptations pour la scène des oeuvres de Diderot, Kafka, Max Frisch et Yannis Ritsos.

La victoire, pièce originale commanditée par le Théâtre Bush de Londres, Royaume-Uni, parution revue ” Teatru”, 1993.

Direction de théâtre

Directrice artistique et fondatrice du Théâtre de Chambre, Bucarest, 1991-1993.

Directrice artistique du Théâtre municipal de Sibiu, 1990-1991

Directrice artistique de la Section Suceava du Théâtre National de Iasi, 1984-1985.

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BIOGRAPHIE Costa Tovarnisky

Originaire d’Ukraine et diplômé de l’Académie d’Art de Chisinau, République Moldave, comédien, mime et clown toujours en quête de perfection, Costa joue et enseigne tour à tour au Cirque d’état de Kisinev, au Théâtre national de Timisoara en Roumanie et aux Académies d’Art de Timisoara et de Vienne. En 2004, il s’établit à Montréal, et un an plus tard, fait son entrée au Cirque du Soleil. C'est d'abord sa passion pour la commedia dell’arte qui le rapproche du Théâtre de l’Utopie avec lequel il connaît sa première expérience sur la scène montréalaise, à titre de concepteur du mouvement scénique et interprète du sosie de Ruzzante dans la Parlerie des mercenaires ou Philosophes et guerriers. Il prolonge son expérience avec le Théâtre de l'Utopie par la création du rôle de Basque dans Le Misanthrope ou Molière en hiver et … en automne 2007. Polyglotte par la force du destin –il parle le roumain, le russe, l’ukrainien, l’anglais et le français -, Costa trouve son esperanto dans le langage théâtral qu’il aime et tente d’enrichir par ses créations.

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BIOGRAPHIE Thomas Perreault

Diplômé en interprétation de l’École nationale de théâtre du Canada, cuvée 2005, Thomas Perreault a participé, depuis sa sortie, aux télés séries Les Bougons, réalisées par Louis Bolduc, Pure Laine et Canada en amour, toutes deux réalisées par Jean Bourbonnais, Minuit le soir, réalisé par Podz et René Lévesque II, réalisé par Pierre Houle. Il a aussi été de la distribution du film de Denis Chouinard, Délivrez-moi. Au théâtre, on l'a vu dans le rôle du Baron Munchausen, une production de la Roulotte, mise en scène par Hugo Bélanger. Il incarna Clitandre dans le Misanthrope - Molière en hiver, produit par le Théâtre de l’Utopie, une mise en scène de Cristina Iovita. Avec son comparse Vincent Côté, il a signé en tant que co-auteur et metteur en scène: Discoursus politicus tome III, le tout premier spectacle présenté par le Théâtre du Vaisseau d’Or, compagnie dont il fait partie à titre de membre. Toujours avec le Théâtre du Vaisseau d’Or, c’est avec joie qu’il interpréta son propre rôle dans Théâtre Extrême,de Jean-Guy Legault, présenté au Théâtre d’Aujourd’hui à l’été 2007. De plus, il continue de tourner dans les écoles de Montréal avec le spectacle Les Vendredis de Sophie, une production du théâtre Parminou. On le verra dès janvier 2008 dans Odyssées de l’espace, un texte écrit et mis en scène par Vincent Côté, produit par le Théâtre du Vaisseau d’Or. 

Novembre 2007

Le Prix Apollinaire 2007 est décerné à Linda Maria Baros, une poétesse francophone d’origine roumaine

Par Felicia Mihali

Cette année 2007, le prestigieux Prix de poésie Guillaume Apollinaire est décerné au volume La Maison en lames de rasoir, signé par une jeune écrivaine d’à peine vingt-six ans. La cérémonie a eu lieu le 16 octobre à l’Hôtel Claret de Paris, sous les auspices du nouveau mécène du prix, madame Monique Pignet. Fondé en 1941, le Prix Guillaume Apollinaire couronne chaque année « en dehors de tout dogmatisme d'école, ou de technique, un recueil caractérisé par son originalité et sa modernité ». Considéré comme étant l’un des plus importants prix de poésie en France, un véritable Goncourtde la poésie, il est décerné par un jury élu à vie à des poètes consacrés, unanimement reconnus.

J’ai eu cette nouvelle par un courriel envoyé par Linda Maria Baros, l’heureuse gagnante, poète francophone d’origine roumaine qui devient ainsi la plus jeune lauréate du Prix Apollinaire. Concernant la jeune auteur, voilà ce qu’on peut lire dans Wikipédia : 
Née en 1981 à Bucarest, elle est poète, essayiste et traductrice de langue française et de langue roumaine. Élève à l’École Centrale (Bucarest) et au lycée Victor-Duruy (Paris). Étudiante en Lettres Modernes à l’Université de Paris-Sorbonne (Paris IV). Doctorante en Littérature Comparée à l’Université de Paris-Sorbonne, Paris IV, et à l’Université de Bucarest. Fondatrice et directrice de la revue littéraire VERSUs/m (Bucarest, 2005). Initiatrice et coorganisatrice du festival Primavara Poetilor/Le Printemps des Poètes en Roumanie (2005) et en République de Moldavie (2006). Secrétaire adjointe de l’Association des Traducteurs de Littérature roumaine (Paris). Elle a débuté en 1988 avec la publication d’un poème dans l’une des revues littéraires bucarestoises les plus connues. Linda Maria Baros est devenue, au début de l'année 2002, membre de l’Union des Écrivains de Roumanie. Elle est la gagnante de nombreux prix littéraires ainsi que des bourses de traduction, dont vous pouvez consulter la liste à l’adresse : http://fr.wikipedia.org/wiki/Linda_Maria_Baros

À vingt-six ans, cette carrière littéraire me semble tout un exploit. Sans m’attarder dans des commentaires superflus, je préfère plutôt laisser la parole à Linda :

Felicia Mihali : Tout d’abord, je te remercie au nom de nos lecteurs ainsi que du public canadien pour cette bonne nouvelle. Je te félicite pour l’énergie que tu mets à la promotion de la poésie, qui n’est pas et qui ne l’a jamais été un art choyé. Ta carrière littéraire à commencé très tôt, selon ta biographie. Raconte-nous un peu les affres de tes débuts. 
 
Linda Maria Baros : Tout a commencé en 1988, un matin où je devais aller à la maternelle. Il faut dire que je détestais cette institution où l’on nous apprenait à réciter d’affreux poèmes sur le père et la mère de la patrie et où nous devions faire des collages avec des petits bouts de papier coloré. Comme je n’avais jamais de ciseaux sur moi et que j’avais en revanche du mal à apprendre par cœur les petits poèmes minables que l’on nous enseignait, on me disait toujours que j’allais devenir une mauvaise citoyenne de notre belle patrie socialiste... Un matin donc, je me suis exclamée : « Il serait mieux que je m’habille de la lettre A que d’aller à la maternelle ! » Dire que j’étais rimbaldienne sans le savoir… C’est ainsi que j’ai publié, à l’âge de sept ans, mon tout premier poème : « Je m’habille de la lettre A ».
Quatre ans plus tard, une question est venue me tourmenter : pourquoi ne pas créer une revue ? Ainsi est née La Noiseraie – le Prix du Ministère de l’Enseignement roumain pour la meilleure revue scolaire de l’année. Au lycée, j’ai récidivé : la revue BREF, en français. Ensuite, par pure curiosité, je me suis mise à écrire de la prose et j’ai eu deux fois le premier prix du Concours National de Littérature Les Jeunes Plumes. Toutefois, en 1998, j’ai décidé de changer de registre. Sur ce, j’ai traduit un livre et, ensuite, petit à petit, encore une vingtaine.

Felicia Mihali : Comment es-tu revenue vers la poésie ?

Linda Maria Baros : Après tous ces événements et pas mal d’autres accidents scolaires, gastriques, éditoriaux et locatifs, je suis restée avec la poésie… En 2001, j’ai publié mon premier recueil de poèmes – Il est loin le soleil couchant, arrache-lui le ruban ! Et me voilà poète titularisé, à savoir membre de l’Union des Écrivains de Roumanie. Deux ans après, j’ai enchaîné avec Le Poème à tête de sanglier. Comme tout cela avait l’air de si bien fonctionner, j’ai décidé de continuer à écrire, mais, cette fois-ci, en français. Aussi, en 2004, ai-je publié en France, aux éditions Cheyne, Le Livre de signes et d’ombres – Prix de la Vocation. Enfin, en 2006, est sorti, toujours aux éditions Cheyne, mon deuxième recueil de poèmes : La Maison en lames de rasoir. Ah, ça, c’est un livre !... Moi, je n’ose plus le lire !... Ne vous fiez pas au Prix Apollinaire qui vient de lui être décerné le 16 octobre 2007 ! Je vous le recommande uniquement si vous n’êtes pas cardiaques !

F.M. : En Roumanie, tu es l’organisatrice d’un Festival de Poésie. Comment as-tu réussi à le mettre sur pied, dans un pays qui n’investit pas beaucoup en culture, malgré la quantité d’artistes talentueux.

L.M.B. : Au début de l’année 2005, en proie à l’inconscience organisationnelle, j’ai initié en Roumanie le Festival Primavara Poetilor/Le Printemps des Poètes. Heureusement, mon inconscience organisationnelle a été contrebalancée par l’extraordinaire aide que j’ai reçue de la part de l’association parisienne Le Printemps des Poètes !
Comme je ne suis pas quelqu’un à lâcher prise, je suis allée jusqu’à organiser moi-même ce festival, en comptant toutefois sur le précieux soutien de l’Institut Culturel Français de Bucarest et de l’Union des Écrivains de Roumanie.
Cette année, le Festival Primavara Poetilor/Le Printemps des Poètes a connu un grand succès, je peux le dire : cinquante-cinq villes et plus de trois cents poètes, acteurs, peintres et chanteurs y ont participé ! En 2006, j’ai initié ce même festival en République de Moldavie et, en 2007, en Australie.
Je ne détiens malheureusement aucune recette magique pour faire marcher les festivals de poésie, mais je sais qu’on peut les organiser même sans disposer de grands moyens financiers. Il faut, avant toute chose, faire preuve d’ingéniosité et sortir autant que possible des éternels chemins battus qui minent la poésie de l’intérieur. Et, surtout, il ne faut jamais perdre patience. Mais pour revenir aux efforts organisationnels qu’implique un tel festival, je dirais qu’il s’agit d’un mélange d’enthousiasme, de dynamisme communicationnel (vive l’Internet !) et de petites subventions (lorsqu’on a de la chance !) que l’on investit d’habitude dans l’impression des affiches, des cartes postales et des dépliants présentant les manifestations littéraires et les auteurs.

F.M. : Tu es aussi la directrice d’une revue littéraire. Quel est le but de cette revue et comment fonctionne votre rédaction ?

L.M.B. : Le démon qui maîtrise les revues littéraires – lui, l’unique ! – n’a jamais voulu me laisser vivre en paix. Du coup, fin 2005, j’ai fondé la revue littéraire VERSUs/m (http://pageperso.aol.fr/versusversum/). Puisque je veux essayer, aux côtés de nombreux amis poètes, de réintroduire la poésie dans l’espace public et de la rendre accessible à tous… Dans chaque numéro de la revue (environ 140 pages), nous nous proposons, d’un côté, de faire connaître au public roumain la littérature contemporaine d’un pays étranger et, de l’autre côté, de lui présenter quelques échantillons de poésie roumaine écrite par de très jeunes auteurs. Autrement dit, cette revue se conçoit comme l’espace d’une descente littéraire décapante de la jeune génération dans l’univers éditorial roumain. Une résistance active contre les magazines littéraires à profil people, contre l’immobilisme, l’instrumentalisation de la littérature et les clichés qui règnent. Nous voulons faire sortir la poésie du ghetto de la littérature.

F.M. : Concernant le paysage littéraire roumain des dernières années, que peux-tu en dire ?

L.M.B. : Autant la poésie que la prose écrites en Roumanie sont hardies et inspirées. La vague déferlante des jeunes auteurs, qui s’imposent aujourd’hui de plus en plus dans le paysage littéraire roumain, pourrait, à mon avis, non seulement donner un visage radicalement nouveau à la littérature roumaine, mais aussi la rendre plus visible à l’étranger.

F.M. : En France, tu commences à faire ton chemin à grands pas. Est-il difficile de pénétrer dans un milieu qui, ici au Québec, a la réputation d’être encore assez fermé ? Publier, gagner une audience ainsi que les faveurs de la critique, qu’est-ce que cela implique ?

L.M.B. : Il est sûrement difficile de se frayer un chemin dans le milieu littéraire, mais, si l’on travaille de manière acharnée, je suis intimement convaincue que l’on peut y parvenir. C’est un défi que j’ai relevé en conjuguant poésie, critique littéraire, traduction et lectures publiques. Néanmoins, ce qui prime, c’est, à mon avis, savoir attirer et retenir l’attention des lecteurs. Et je ne parle pas ici d’une sorte de captatio benevolentiae, non, absolument pas, mais d’une originalité frappante. J’aime écrire une poésie qui décoiffe ! Et je crois que c’est un pari gagné, non seulement parce que La Maison en lames de rasoir a été choisie en 2007 pour représenter la France au concours international Les Ponts de Struga, mais aussi parce que, bien que tranchante et ébouriffante, elle m’a « coiffée » du Prix Apollinaire.

F.M. : Pour ton avenir, qu’est-ce tu comptes faire après la finition de tes études doctorales ?

L.M.B. : Après la soutenance de ma thèse de doctorat, je voudrais entamer une carrière universitaire et, il va de soi, continuer à entremêler, aussi harmonieusement que possible, écriture et traduction.

F.M. : Je te souhaite bonne chance de tout mon cœur, et comme on dit au Québec : Lâche-pas !

L.M.B. : Merci beaucoup !

Novembre 2007

Une carrière à plusieurs dimensions

Interview avec la jeune écrivaine Miruna Tarcau et le directeur de la maison d’édition, M. Christian Feuillette

Par Otilia Tunaru

http://www.tarcau.com

http://www.feuillette.ca

      J'ai rencontré Miruna Tarcau il y a un an. La jeune fille venait de faire publier son premier roman. Après avoir écrit des nouvelles et des poésies dans la revue de l'école et avoir participé à des concours d'improvisation, Miruna a réalisé à 16 ans une vraie performance littéraire : publier le roman policier L'Île du Diable, une brique de 400 pages dont l'action tient les lecteurs en haleine. La jeune écrivaine m'a confié qu'elle avait commencé a l'âge de onze ans à écrire et réécrire ce livre pour apprendre à structurer sa pensée. Cette auteure adolescente m'a épatée dès la première rencontre, car son talent et sa spontanéité ne peuvent laisser personne indifférent. Sa maîtrise exceptionnelle de la langue française et son style pétillant, son aisance pour créer le suspense et sa touche d'ironie m'ont agréablement surprise et m'ont convaincue que j'avais devant moi une écrivaine en chair et en os, qui travaille sérieusement pour peaufiner son art.

        C'est en octobre 2006 qu'elle m'a accordé sa première interview. Depuis, elle a participé à de nombreuses interviews, à des émissions radiophoniques et à des séances de signatures. A l'aube de sa carrière littéraire, Miruna avait seulement 16 ans, la tête pleine d'idées et un enthousiasme débordant. Une année plus tard, en novembre 2007, je la retrouve toujours souriante et satisfaite, puisque son projet le plus cher a été réalisé. 

        Aujourd'hui Miruna vient de publier le premier volume d'une “ fantaisie héroïque ”, qui s'échelonnera sur plusieurs volumes, en s'adressant au jeune public et également aux adultes. “ Le récit est construit sur un parallèle entre les événements de l'histoire de l'humanité et sur des symboles qui peuvent être perçus d'une manière différente ”, a expliqué Miruna. Le choix de Selenæ, le premier volet de la saga La guerre des Titans, est paru chez Christian Feuillette éditeur, maison d'édition en plein essor, qui publie plusieurs collections, telle “ Filon ” pour la poésie ou “ Séisme ” qui fait la promotion de livres dérangeants, soit au niveau de la forme soit au niveau du sujet.  Le directeur M. Christian Feuillette se souvient avec  un plaisir évident: “ J'ai rencontré Miruna au Salon du livre de Paris en mars dernier. J'ai été frappé par son sérieux et par sa détermination. Elle était tellement convaincante qu'elle a vendu plus de livres que d'autres écrivains pourtant davantage connus.” Et puis, il complète au sujet du livre : “ La guerre des Titans s'adresse avant tout aux lecteurs ado mais peut intéresser tous ceux qui aiment les récits fantastiques, symboliques et initiatiques.” En parlant de la jeune écrivaine Miruna Tarcau, il se déclare être conquis par “ sa passion, sa détermination, son talent, son imagination, aussi sa capacité de travail. Les recherches qu'elle a faites pour la saga sont vraiment impressionnantes. Aussi, comme tout bon écrivain, elle sait s'inspirer de tout ce qui l'entoure et de toutes ses expériences, par exemple un voyage en Grèce qu'elle a fait avec sa famille.” 

        Le volume Le choix de Selenæ introduit les lecteurs dans un espace de légende et de mystère. Il y a même une histoire d'amour qui sera ponctuée par des paragraphes poétiques, car, il ne faut pas oublier, Miruna est inspirée également par Calliope, la muse de la poésie et de l'éloquence.

        L'action qui se développe sur plusieurs dimensions est riche en rebondissements, et menée sur un rythme alerte. Le récit est fascinant, car il constitue une fable sur la guerre, qui se construit en associant deux principes opposés, en lutte constante. Les personnages principaux sont deux sœurs jumelles au caractère totalement opposé.  Selenæ représente les émotions violentes et troublantes, la rage, la guerre; elle a vécu une existence dure et elle est dénuée de toute curiosité. Sa sœur Eaneles (son nom reprend d'une manière symbolique l'écriture à l' envers du nom de Selenæ) exprime la sagesse philosophique, les émotions plus nobles et l'érudition. Leur rivalité s'amplifie en même temps que celle des Titans et des Olympiens, à travers les dimensions parallèles. Ce conflit rebondira sur la Quatrième Dimension, celle des mortels, qui est la Terre. Le processus du déclenchement de la guerre s'enchaîne progressivement et les lecteurs assisteront à des joutes spectaculaires. L'écrivaine m'a expliqué qu'elle s'est inspirée des guerres de l'humanité ainsi que du contexte politique actuel.

        Pourquoi ce sujet, la guerre ? Miruna me répond tout court : “ C'est là que les gens normaux deviennent des héros. ” Selenæ est confrontée à des situations limites et à des choix déchirants. Armée de sa légendaire épée, elle est amenée à prendre des décisions cruciales car toute la survie du monde repose sur ses épaules. La jeune écrivaine m'a dévoilé que, dans le deuxième volume, d'autres personnages seront au centre de l'action, parce que l'intrigue de la saga traverse plusieurs époques.

        Miruna travaille depuis six ans sur ce projet complexe, pour lequel elle a compilé des informations dans plusieurs domaines : l'histoire antique, la mythologie grecque, la cosmogonie, la titanomachie. Elle a lu tout le Dictionnaire de la mythologie, elle s'est inspirée de ses connaissances acquises à l'école et au cours de ses voyages en Grèce et en Italie.

        Le déroulement des événements est basé sur une logique sans faille. Par exemple l'écrivaine utilise des explications reliées au principe de l'atome. Eaneles, qui est une érudite, doit trouver la manière d'expliquer à sa sœur, la guerrière inculte, le principe de dimensions multiples. Eaneles lui tend une pomme, en lui demandant comment elle voit cette pomme. “ Elle est dure, ronde et rouge. ” répond Selenæ en apercevant seulement les apparences. Sa soeur montre qu'il y a de petites imperfections et des perforations. Elle fait un parallèle avec une plage vue de loin, qui ressemble à une couverture. Quand on se rapproche, on observe qu'il y a des grains qui forment cet ensemble; et entre les grains il y a des trous qui les séparent de façon distincte. Or, le monde est structuré de la même manière, il y a des choses qu'on ne voit pas. Parmi les choses qu'on ne discerne pas, il y a diverses dimensions et entre elles c'est le vide. Pour traverser d'une dimension à l'autre, on doit traverser  le vide.

        Dans le roman fantastique, il faut créer des héros qui n'existent pas dans la vraie vie. Les personnages font des voyages initiatiques, se confrontent et évoluent à travers un récit captivant. “ Je me suis inspirée de personnages forts pour créer des symboles. J'ai poussé leur personnalité à l'extrême. ”, m'a dit la jeune écrivaine. Miruna Tarcau fait partie de la jeune génération et elle reflète le besoin légitime d'avoir des modèles et des repères dans la vie. Si elle ne les trouve pas, elle les invente. Car l'imaginaire est sans bornes dans le temps et dans l'espace. Merci Miruna de nous mener à ce sage apprentissage. Tes lecteurs seront gagnants sur plusieurs plans, car ton livre provoque l'imagination et ravive l'intérêt pour la mythologie.

        Dans le cadre du Salon du livre 2007 de Montréal, Miruna Tarcau a lancé son volume Le choix de Selenæ.

        M. Feuillette nous a dévoilé quelles sont les nouveautés concernant les collections de cette année: “ Nous continuons à vouloir lancer de jeunes auteurs, mais cela est difficile pour la littérature, car l'aide est très sélective et n'est pas toujours au rendez-vous. Nous avons un volet Nouvel âge et nous continuons dans cette voie aussi. Nous ouvrons aussi une collection pour enfants -Ver luisant- avec des livres de haïkus (petits poèmes d'inspiration japonaise) écrits par André Duhaime et illustrés par Romi Caron qui est d'origine tchèque. L'important pour notre choix de livres est la qualité de l'écriture. Si un manuscrit est bien écrit, bien présenté et intéressant, nous pouvons le publier, même s'il s'agit d'un genre que nous n'avons pas encore pratiqué. Si une biographie de qualité d'une personnalité publique du Québec nous est présentée, pourquoi pas? Nous n'avons pas de restrictions, par contre il y a des genres de livres par lesquels je ne suis pas trop attiré, par exemple des livres de cuisine, mais là aussi il peut y avoir des exceptions. ” 

        A seulement 17 ans, Miruna Tarcau se distingue par une imagination fertile, mise en valeur par son style particulièrement évocateur qui puise sa force dans des symboles et des images visionnaires. Sa carrière, tout comme son roman, se déploie sur plusieurs dimensions : sur son site http://www.tarcau.com/ vous pourrez lire des poèmes,  des romans, des pièces de théâtre. 

PHOTO : La jeune écrivaine Miruna Tarcau et le directeur de la maison d'édition, M. Christian Feuillette

création et réalisation par Cristian Nistor

graphique et mise-à-jour Bogdan Malaelea-Toropu

Droits de reproduction et de diffusion réservés © TERRA NOVA 2005. Tous droits réservés

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